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Les cours du blé évoluent peu à l’approche des fêtes

Les cours du blé évoluent peu face aux difficultés de la France à trouver des débouchés à l'exportation.

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Malgré un regain d’intérêt des acheteurs sur le marché du blé, la France peine toujours à trouver des débouchés à l’exportation. La concurrence de la mer Noire reste forte. La tendance est également légèrement baissière sur le marché du colza, tandis que les maïs américains font pression sur les cours du marché de la graine jaune.

Timide baisse des prix du blé français

Au cours de la semaine, les cours du blé français ont assez peu évolué. Le marché est relativement calme à l’approche des fêtes de fin d’année même si plusieurs achats ont été réalisés récemment. Le prix du blé rendu Rouen a tout de même enregistré une légère baisse de 0,5 €/t, à 215 €/t (base : juillet). De manière similaire, le prix rendu La Pallice a connu un léger recul de 1 €/t, s’établissant à 215,5 €/t. Les blés européens, et notamment français, restent sous la pression de la parité euro-dollar et de la concurrence de l’origine mer Noire.

L’absence de compétitivité des blés français s’est jusqu’à présent traduite par des exportations qui tournent au ralenti. Entre juillet et décembre 2022, la France avait exporté 6,7 millions de tonnes de blé tendre vers les pays tiers, contre seulement 2,7 millions de tonnes cette année sur la même période.

Les exportations françaises au sein de l’Union européenne restent également limitées, en raison de la présence accrue de l’Ukraine qui a augmenté ses expéditions de céréales au départ d’Odessa, principalement vers l’Espagne et l’Italie. Le prix du blé meunier ukrainien CPT Reni très compétitif (à 11,5 % de protéines) se situe actuellement à 181 $/t. L’origine mer Noire continue d’imposer une concurrence acharnée sur le marché, raflant tous les appels d’offres.

Cette semaine, d’importants achats de blé meunier de l’Égypte pour 480 000 tonnes, et de l’Arabie Saoudite pour 1,35 million de tonnes, ont été remportés par la Russie. Le blé Fob Rouen a augmenté de 1 $/t en raison de la hausse de la parité entre l’euro et le dollar (1,10 $).

Coté à 247 $/t, le blé français demeure 9 $/t plus cher que le blé Fob russe (à 12,5 % de protéines), qui se maintient à son niveau de la semaine dernière, à 237,5 $/t. Le blé Fob russe (à 11,5 % de protéines) reste également stable à 232,5 $/t, soit 14 $/t de moins que le blé Fob Rouen.

Outre  Atlantique, les nouvelles pluies aux États-Unis exercent une pression baissière sur les prix. En une semaine, le blé américain Soft Red Winter (SRW) a perdu 5 $/t, à 259 $/t Fob, et le Hard Red Winter (HRW) a diminué de 3 $/t, à 288 $/t. Dans l’ensemble, le marché maintient une tendance baissière, même face aux estimations de baisse prononcée des surfaces ensemencées en blé d’hiver en Europe.

Les fortes pluies de cet automne en Europe de l’Ouest ont entravé la réalisation des intentions de semis. En France, le ministère de l’Agriculture a annoncé une baisse de 5,1 % de la superficie de blé tendre par rapport à la récolte de 2023, chutant à 4,49 millions d’hectares.

En Allemagne, l’agence nationale de la statistique table sur une réduction de 7,3 % (à 2,60 millions d’hectares) des surfaces ensemencées en blé d’hiver. Ces éléments n’ont pas vraiment apporté de soutien aux prix du blé qui restent sous l’influence des fortes disponibilités de blé en mer Noire et de maïs aux États-Unis.

Baisse des prix du maïs américain

Sur la semaine, les prix du maïs français ont évolué en très légère hausse. Le maïs Fob Rhin gagne 1 €/t, à 204 €/t (base juillet). Le maïs Fob Bordeaux est, quant à lui, en hausse de 1,5 €/t, à 196,5 €/t. Les prix sur le marché français se sont désormais stabilisés aux alentours de 200 €/t depuis plusieurs semaines. Les disponibilités sur le marché local sont conséquentes en raison d’une demande industrielle morose.

Les récentes données de consommation du secteur amidonnier publiées par FranceAgriMer témoignent de ce ralentissement. La consommation de maïs par l’industrie amidonnière sur le mois d’octobre est en baisse de 32 % par rapport au même mois l’an dernier. Néanmoins, la situation était bien plus complexe, avec des coûts de l’énergie et du maïs élevés.

Dans le même temps, la concurrence de l’Ukraine à l’exportation est forte, notamment vers l’Espagne. Les maïs américains continuent de mener la danse à l’échelle mondiale. La production record de cette campagne offre aux États-Unis des disponibilités exportables importantes. Les maïs américains ont par ailleurs baissé d’environ 30 $/t depuis la fin de septembre.

D’autres pays exportateurs voient aussi leur production progresser nettement par rapport à la campagne précédente, venant alléger la situation du bilan mondial de maïs. C’est le cas en Russie, où la production atteint un niveau record, ou encore en Argentine avec le net rebond attendu de la production lié à l’amélioration des conditions météorologiques.

En revanche, les conditions climatiques au Brésil, ainsi que le manque de rentabilité du maïs face aux autres cultures, risquent d’entraîner une baisse de la production brésilienne.

Très légère baisse des cours du colza

Cette semaine, les prix du colza ont peu évolué, diminuant de seulement 1 à 2 €/t sur les échéances de février et mai 2024 sur Euronext, pour s’établir à respectivement 428,5 €/t et 433,5 €/t au 20 décembre 2023. En effet, il y a eu peu de nouveaux éléments fluctuants sur le marché cette semaine. Le colza européen reste sous la pression des bonnes disponibilités compte tenu des importations régulières en provenance de l’Ukraine.

Par ailleurs, les canolas australiens de la nouvelle récolte devraient commencer à arriver sur le marché au cours du second semestre de la campagne. Dans le même temps, de nouvelles précipitations sont attendues au Brésil. Ces facteurs continuent de rassurer les opérateurs et pèsent sur les cours du soja.

Toutefois, la baisse des prix du colza a été modérée cette semaine par la hausse des cours du pétrole. Ces derniers ont en effet rebondi de 4 % à la suite des tensions en mer Rouge, qui engendrent des risques en matière d’approvisionnement, ainsi qu’une hausse des coûts de transport.

Nouvelle baisse des prix des tourteaux de soja

Cette semaine, les cours des tourteaux de soja ont une nouvelle fois diminué. De nouvelles précipitations au Brésil ont rassuré les opérateurs. Par ailleurs, bien que la sécheresse au Brésil ait impacté le développement des cultures, la récolte sud-américaine de soja reste attendue à un niveau important.

Le prix des tourteaux de soja à la Bourse de Chicago a ainsi baissé de 4 $/t, pour repasser sous la barre des 400 $/t pour la première fois depuis deux mois. Cette baisse a entraîné dans son sillage celle des tourteaux de soja à Montoir (–9 €/t), le marché européen étant également impacté par la hausse de l’euro face au dollar.

En Argentine, les prix des tourteaux de soja ont néanmoins rebondi de 7 $/t cette semaine, sur l’échéance de janvier 2024, tandis qu’ils ont diminué de près de 12 $/t sur celle de juillet. Le gouvernement argentin étudierait la possibilité d’augmenter de 31 à 33 % les taxes à l’exportation sur les huiles et tourteaux de soja.

À suivre : conditions des cultures d’hiver en Europe et en mer Noire, avancée des récoltes en Australie et en Argentine (céréales, colza), conditions de culture en Amérique du Sud pour le soja et le maïs, situation géopolitique en mer Noire, prix du pétrole, conjoncture économique mondiale, parité euro/dollar.

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